Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les carnets de route de Sylvatrop
13 novembre 2007

Mission à Téré

Téré est un village de l’extrémité Est de la réserve de Kankan, mùais aussi du Parc Diwasi.

Réputé pour abriter de très très grands féticheurs, ce village est, sois disant, toujours resté en retrait par rapport « à la civilisation » m’a-t-on dit.

15/10/07. Direction Téré, village de féticheurs.

Depart_T_r__1

Départ de Baranama village à 9h45, soit 1 h30 plus tard que prévu.

Je suis en compagnie de Lancinet Conaté, Responsable sous préfectoral de l’Agriculture et l’un de ses amis, Idrissa, qui transporte mes bagages.

Nous prenons d’abord la piste en direction de Kankan, jusqu’au village de Kalankalan, puis bifurquons vers Téré. De carrossable et fort agréable, en dépit de quelques irrégularités, la piste se transforme en chemin sur lequel seul un bon 4x4 pourrait évoluer.

Les motos, de fabrication chinoises, souffrent, écrasées sous le poids du matériel et de leurs passagers. Lanciné et Idrissa sont de bon motards, habitués à circuler sur ces minuscules pistes parsemées d’embûches.DSC_0020

Le paysage déroule sous mes yeux ravis d’enfin retrouver la brousse. Les champs de riz, de manioc, entrecoupées de jeune jachères se succèdent. Au loin apparaît une petite montagne… le mont Wonon, mon objectif…

Nous arrivons à Téré vers 12h30 après un périple acrobatique entre les champs, les jachères, les savanes et les jeunes forêts.

Nous sommes attendus, un message écris du Président de

la CRD

(Communauté Rurale de développement) de Baranama nous ayant précédé.

Nous nous installons sous un genre de petit haut vent, et mettons nos affaires à l’intérieure de la case du chef du village pour bien montrer que nous avons l’intention de rester (geste de confiance de notre part destiné à provoquer une réaction similaire de la part nos interlocuteurs). Après environ 30 minutes d’attente, mes deux compagnons de route entrent dans la case du chef du village en compagnie de 3 autres hommes dont Djiba Konaté qui sera notre guide, pour un conciliabule auquel je ne suis pas convié.

Un garçon d’environ 10 ans entre à son tour avec un couteau qu’il tente vainement de dissimuler. Je fais celui qui n’a rien vu.

Lanciné sort de la case et me demande de lui donner ce que nous avions prévus ensemble pour les gens du village :

10 noix de colas + 5000 francs guinéens (GNF) pour les chasseurs

10 000 GNF pour les sages

10 000 GNF pour le conseil musulman

10 000 GNF pour les jeunes du village.

Je profite du temps qui m'est donné pour offrir aux jeunes chasseurs du village des affiches pour la sensibilisation à la protection des chimpanzées et la lutte contre les feux de brousse.DSC_0022

Environ un quart d’heure se passe avant qu’il ne ressorte en me disant que tout est ok et que nous pouvons maintenant aller voir le doyen du village.

Lorsque nous arrivons chez lui, il est en train de faire sa prière sur… une peau de Cob de buffon.

Discussion et présentations habituelles, j’explique ce que nous allons faire en brousse, ce que j’attends de mon guide. Le doyen m’assure que je suis le bienvenu et que je serais satisfait.

Nous prenons congés du doyen et retournons vers la case du chef. Nous y sommes attendus et accueillis par quelques anciens et chasseurs. La situation prend soudainement un tour auquel je ne m’attendais plus.

Les hommes nous font part de leurs inquiétudes de nous voir « rentrer dans leur brousse »…

La lettre qui nous a précédé parlait semble t’il de protection/conservation de la faune sauvage, d’interdiction de chasser tout forme animale y compris les hippopotames et les crocodiles du fleuve Dion qui borde le village.

La création du Parc Diwasi, selon les villageois, s’est faite sans aucune concertation avec les populations qui se voient aujourd’hui demandées de quitter des terres qu’elles occupent depuis de très nombreuses décennies.

Bien que les propriétaires du parc leur aient assuré que la limite du parc s’arrête à la rive Est du fleuve Dion, les villageois craignent que ma venue ne soit une démarche déguisée qui leur ferait « perdre » le fleuve.

Je comprends à cet instant que le fleuve est pour ces gens bien plus qu’un simple cours d’eau source de nourriture. Sa fonction sociale est importante et il est évident que le liens qui unis les villageois, le fleuve et ses habitants relève du sacré.

Il nous faut beaucoup de persuasion pour faire comprendre à nos interlocuteur qu’il y a méprise, que je ne suis là ni pour leur enlever la jouissance du fleuve, ni pour capturer hippopotame et/ou crocodile et ni pour les empêcher de quoi que ce soit.

Mon seul objectif étant de tenter d’inventorier la grande faune et plus particulièrement les chimpanzés.

Enfin, après plus d’une heure de discussion, ils acceptent de nous autoriser à traverser le Dion pour rentrer en brousse en direction du mont Wonon.

Nous quittons le village à 17h40.

Traversée du Dion en pirogue entre 18h00 et 18h30.

Nous arrivons au site de campement vers 20h00 et nous installons pour la nuit.

Moussa le cuisinier nous prépare le repas pendant que j’installe mon hamac de brousse et la tente dans laquelle vont dormir les gars.

Puis nous discussion paisiblement jusqu’à 22h00, échangeant des informations sur la faune sauvage qui peuple la région.

Je sens que mes compagnons villageois, Djiba, Moussa, Moryba et lancé sont encore méfiants. Ils m’écoutent attentivement et hésitent encore à se livrer. Bien sur cela est normale et tout ira beaucoup mieux après notre sortie de demain sur le mont Wonon.

Je me couche sous un ciel étoilé, bercé par le chant des grillons… je me sens chez moi. Quelle chance……

Publicité
Publicité
Commentaires
Les carnets de route de Sylvatrop
Publicité
Les carnets de route de Sylvatrop
Albums Photos
Publicité