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Les carnets de route de Sylvatrop
13 novembre 2007

Le mont Wonon – Ma pénitence - 16/10/2007

DSC_0046Levé 5h00 du matin, le thé local est déjà sur le feux, merci Moussa.

Petite mise au point pour la journée, les gars insistent pour prendre le temps de se taper un petit riz sauce aulacode avant de partir, j’acquiesce.

Départ 6h30 direction le mont Wonon, il parait, selon mon guide Djiba Konaté, que des chimpanzés s’y trouvent…

Nous traversons tout d’abord une petite zone de cultures vivrières avant d’arriver au campement de Djiba (2 cases dont l’une set de grenier à riz). Fier de lui, mon jeune guide me montre une dizaine de crânes de singes dont un vervet (Cercopithecus aethiops), un patas (Erythrocebus patas) et huit babouins dont la majorité sont de jeunes individus. Constat de prime abord inquiétant, la pression de chasse dans cette région pourrait être bien plus importante que je ne l’imaginais… enfin, on verra bien.

Nous reprenons notre route à travers les champs avant d’arriver dans une savane arborée dont les arbres, qui n’ont rien à voir avec ceux des forêts denses auxquelles je suis habitué, portent les stigmates des feux de brousse.

Les indices de présence de grande faune sauvage, au début rares et se limitant à quelques guib harnaché, se font petit à petit plus nombreux.

Quand soudain, à l’entrée d’une petite forêt galerie, je repère une empreinte d’ongulé de forme arrondie que je connais bien, le céphalophe à dos jaune (Cephalophus sylvicultor) alors que Djiba, la pointant du doigt me dit « Filamissi » sur un ton sec net qui montre une assurance sans défaut. Enfin je tiens la preuve que j’attendais depuis une semaine. Le fameux « Filamissi » qu’Albert Clapasson prend depuis 2 ans pour un élan de derby n’est autre qu’un céphalophe à dos jaune. Le monsieur se fait royalement rouler dans la farine par les chasseurs de la région, maintenant j’en suis certain.

Je comprends aussi immédiatement pourquoi il m’a été aussi difficile d’obtenir la moindre collaboration à Sabadou Baranama malgré mes démarches empreintes de respect envers la caste des chasseurs.

L’installation du parc Diwasi, malgré les apparences, est encore bien loin d’avoir l’assentiment des populations, à commencer par celle de Sabadou Baranama.

Soulagé d’être toujours moi-même, de ne pas m’être trompé, je reprends la route avec mes deux compagnons.

La région est étonnante par la diversité des écosystèmes qu’elle recèle ; savanes herbeuse, arbustives, arborées et forêt galeries se succèdent, parfois graduellement, parfois brutalement.

Cela fait maintenant plusieurs heures que nous marchons lorsque nous parvenons au pied du mont Wonon. Un gros cailloux de 600 et quelques mètre qui se dresse brutalement devant nous.

Finalement la zone n’est pas si dépeuplée que cela ; en dépit des difficultés d’observation dues à la hauteur des herbes qui atteint parfois plus de deux mètres, j’ai déjà relevé un grand nombre d’indices de présence de grands mammifère et plus particulièrement des ongulés (cephalophe à dos jaune, cob defassa, bubale major, cob de buffon et redunca) mais aussi beaucoup de porc epic et d’athérure dans les forêts galerie. Il est plus difficile de relever les indices de présence des primates qui ne semblent pas être très diversifiés pour le moment et mes observations se limitent au babouin de Guinée, au patas et au vervet.

Pour ma première marche en brousse depuis 2 ans, je suis servis ! La progression se fais de plus en plus difficile à travers les grandes herbes sur un sol caillouteux fortement instable. Ca monte dur !

Je m’essouffle, crache mes poumons de fumeur invétéré, jure mille fois d’arrêter la cigarette et de reprendre une activité sportive régulière.

Nous parvenons auprès d’un amoncellement de roche de grande taille auprès desquelles le sol est jonché de fruits tombés d’un grand arbre. Partout les herbes sont couchés, les traces de passages des singes vertsNids_Chimp_light_1 et des babouins se mêlent aux sentes bien marqués des porc épic, athérures, céphalophes à dos jaune et autres guibs harnachés. Ici pas de bubale, de cob ou d’hippotrague, le relief ne leur sied pas.

Relevé GPS du site, quelques photo puis nous repartons.

Cela ne fais pas 10 minutes que nous marchons qu’alors que levant la tête pour reprendre mon souffle j’aperçois un amas de feuilles dense sous les frondaisons. Ca y est ! On y est ! Nous comptons alors 12 nids répartis en deux séries de 6 qui s’étendent sur un rayon d’environ 50 mètres.

Cela corrobore les affirmations de notre guide avant le départ, lorsqu’il nous disait qu’un groupe de 6 ou 7 individus évoluait sur les pentes du mont Wonon (la même information me sera donnée une semaine plus tard par un vieux chasseur du village de Ballabadou).

Nous repartons vers le sommet du Wonon, les herbes forment maintenant un véritable mur végétal que Djiba couche à l’aide de son fusil. Aucune observation n’est plus possible tant le pente est raide et la végétation dense. Pour une raison qui m’est encore inconnue (du moins officiellement) il n’utilise pas de machette. La progression est lente et fastidieuse et je commence à être complètement KO. Il n’est que 13h00, mes jambes ne me portent plus et j’ai honte de moi.

Nous atteignons le sommet vers 14h00. Devant nous s’étend toute la réserve de faune de Kankan, le fleuve Dion serpente à l’ouest entre les savanes arbustives et arborées, rejoint par de nombreuses bandes de forêts galeries plus sombres.

DSC_0132

Contrairement à ce que je pensais, les écosystèmes de la réserve de faune de Kankan, vus d’en haut, sont encore bien préservés, en tout cas danSylvain_HSs cette région. Si nous avons croisés de nombreux signes de passages de feux de brousse en venant, je ne constate aucune trace de coupe de bois massive.

Après quelques minutes de pause, nous prenons le chemmin du retour.

Deux heures plus tard, nous arrivons au bord d'une petite rivière, affluent du fleuve Dion ou je prends enfin un repos salvateur. Jamais je n'avais rencontré autant de difficultés lors d'une marche en brousse; Je suis complètement déshydraté, en pleine hypoglycémie. L'eau fraîche et une canette de Vimto (boisson gazeuse hyper sucrée) me remettent sur pied et nous rentrons tranquillement au campement ou nous arrivons vers 18h00. Je suis fourbu mais heureux!

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Commentaires
A
même si nous avions déjà vu les photos et compris que tes explorations ne sont pas de tout repos, je suis encore tout essoufflée d'avoir suivi, en détail cette fois, l'escalade harrassante du mont Wonon, après la sombre affaire du faux filamissi mais vrai céphalophe à dos jaune (auquel je n'ai évidemment rien compris, affaire de spécialistes!)et malgré la méfiance des vieux du village qui se font apporter une arme blanche dans la case (si j'ai bien suivi!). Sans compter ton lamentable état respiratoire et glycémique après cette rude journée. Il va falloir rebaptiser ta mission en qq chose du genre: "à la poursuite du filamissi vert" et revoir ton profil sur tes CV ("intrépide traqueur de pistes en tous genres et dompteur de sorciers dangereux", etc). Bref, c'est quand qu'on t'offre un petit café au Carteron après un bon repas français et son plateau de fromages garni??<br /> <br /> Je t'embrasse bien fort et on te dit bon courage pour la suite de tes passionnantes aventures dans la brousse guinéenne.
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